“Do history” se propose de mettre
à la disposition de l’internaute un ensemble de matériaux historiques numérisés
autour de la vie de Maria Ballard, une sage-femme qui vivait au Massachussetts
au XVIII siècle. La pièce maîtresse de l’ensemble est son diary que l’on peut lire en l’état (manuscrit) et dactylographié.
Un certain nombre de documents annexes sont proposés et visent à contextualiser
la vie et l’œuvre de Martha. Comme pour
tous les sites à prétention historique, reprenons le questionnement de simple
bon sens proposé par Kelly Schrum : Qui est à l’origine du site ? Dans
quel but a-t-il été créé (A qui est-il destiné ?) ? Quel est sa crédibilité (A quels autres sites
est-il lié?) ?
En bas de la page d’accueil il est noté : “Created
by Film Study Center, Harvard University and hosted by Roy Rosenzweig Center
for History and New Media, George Mason University”. Le couple Havard + Rosenzweig (dont nous avons pu apprécier les
contributions à l’histoire numérique dans ce séminaire) est plutôt rassurant et
le site a même reçu le « 2000 American Association for History and
Computing Multimedia Prize ». La présence d’une importante bibliographie
atteste encore du sérieux et de la crédibilité de l’entreprise. A l’évidence,
le site est surtout destiné aux étudiants en histoire et aux professeurs (un guide
pédagogique leur est d’ailleurs proposé). Mais les soins apportés aux effets
visuels (les « magic lens ») et l’ergonomie attrayante du site le destine aussi
à un public plus large de passionnés d’histoire. Derrière il y a la volonté de
proposer à l’internaute une réelle confrontation avec des documents d’époque
peu accessibles de prime abord. Ici la calligraphie est un obstacle majeur mais
un certain nombre d’outil sont proposés pour s’en dépêtrer. Le principal inconvénient
me semble-t-il est la navigation entre les différents documents et outils qui n’est
pas commode. Il faut ouvrir plusieurs fenêtres et même en faisant cela, la
confrontation est difficile. Il faudrait naviguer entre plusieurs écrans. Bref
le travail est assez fastidieux.
Pour l’aspect innovant de ce type
d’histoire numérique, on se rapproche de « The valley of the shadows »
qui rompt avec l’aspect linéaire des travaux historiques sous forme papier. L’hypertexte
donne au lecteur la liberté de construire son propre parcours de recherche. Aussi
« the valley » et « do history » se présentent comme un
recueil d’archives (« a library ») et non comme un simple récit, donnant ainsi la
possibilité à de multiples interprétations, pour peu que le lecteur s’empare
des données, ce qui on l’a vu, est loin d’être facile. Effectivement, pour qu’une
recherche soit bien menée, une fois le fil rouge trouvé, il faut réorganiser
les matériaux et les mettre en relation et pour cela il est nécessaire me semble-t-il
de sortir du cadre du site. La recherche historique exclusivement en ligne me
semble un leurre.
A l’inverse de ce genre de
démarche, « The history channel » reste très traditionnelle dans son
approche et ne propose que des « narratives », des récits souvent édifiants
qui ne sont de surcroit choisi que pour attirer le chaland. Le site est à
vocation commerciale et se rapproche des revues d’histoire souvent mal vulgarisées
que l’on peut trouver en kiosque, l’aspect multimédia en plus. Le site est le
prolongement d’ailleurs du magazine « History ». La politique
éditoriale est sensationnaliste et propose comme toujours de déboulonner les « mythes »
et autres « idées reçues » et ne contribue en fait qu’à les remplacer
par d’autres … ”Myths debunked, truths revealed and your most burning
history questions answered.”, voila clairement le programme. Nous sommes dans
de l’infotainment. Les articles ne sont pas “signés”, cela va sans dire. La
vérification scientifique est à l’avenant puisque l’internaute est invité à
corriger lui-même d’éventuelles erreurs (« Fact
Check: we strive for accuracy and fairness. But if you see something that doesn't look right … »). A bon
entendeur…
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