vendredi 29 mars 2013

Du bon usage du powerpoint pour présenter un sujet de mémoire



De cet essai, il ne sera pas question de technique. Powerpoint est un logiciel suffisamment intuitif pour se passer de mode d’emploi. En revanche, Ici comme ailleurs c’est en forgeant que l’on devient forgeron.  Il me parait indispensable de jouer avec toutes les fonctionnalités qui se présentent dans les onglets.  Il est très simple par exemple d’habiller les diapos avec des styles prédéfinis.
De mon point de vue, un bon Powerpoint doit rimer avec … counterpoint.  Je m’explique. Dans un exposé il y a toujours un discours oral calé sur un diaporama qui défile. En aucun cas le premier ne doit être le décalque du deuxième. Si le discours est très didactique, à mon sens, le diaporama doit faire vibrer d’autres cordes tout en restant évidemment solidement arrimé au premier. Et vice versa. Les deux zones du cerveau doivent fonctionner ! Les relations qui lient le visuel avec l’auditif se font sur le mode de la complémentarité voire du … contrepoint. Le diaporama ne doit pas être une simple illustration. Un bon Powerpoint est une mise en scène de la pensée.  Elle articule le discours oralisé, la voix et la gestuelle du conférencier, et le visuel. Visuel qui lui-même utilise de l’écrit, des images, et on l’oublie trop souvent, des animations, des effets de transition, des couleurs, des styles de police, du son, des effets d’accentuation, de zoom, bref de tout ce qui constitue une scénographie. Et de ce point de vue, il ne faut pas avoir peur de faire montre d’une certaine sensibilité artistique. Cette dialectique entre son, images, audio, écrit,  se doit certes de produire du sens mais pas forcément de manière univoque. Un effet (Type désintégration de l’image ou fondu enchainé) ne doit jamais être gratuit. La forme doit épouser le fond. On peut aisément faire l’analogie avec le  cinéma et réfléchir au rapport fécond entre ce qui est montré dans le champ visuel et suggéré par la bande son (dialogue, bruitage et musique). En matière de B.O, êtes-vous plutôt Max Steiner ou Bernard Hermann ? Je suggère à tous ceux qui veulent produire des powerpoints captivants de lire le livre d’entretien de Truffaut avec Hitchcock. On pourrait faire les mêmes analogies pour la bande dessinée et la musique. L’art du contrepoint selon Bach consiste à croiser des lignes mélodiques complètement indépendantes qui suggèrent une  trame harmonique précise. On peut dire la même chose des voicings en jazz …  
D’autres écueils nous guettent. Il faut bien sûr éviter d’obscurcir le propos ou de provoquer une surcharge cognitive chez l’auditeur.  Il s’agit de doser la densité d’informations ainsi que les effets utilisés. Même si personnellement j’ai peu de goût pour les powerpoint trop didactiques (genre petit a alinéa 3..), il est toujours bon de poser des jalons dans un powerpoint qui agit alors comme une superstructure ou la colonne vertébrale du discours (surtout quand ce dernier est confus !). C’est d’ailleurs souvent comme cela qu’il est utilisé. Mais bon après tout, tout dépend des intentions et de l’expérience du conférencier. En ce qui concerne l’exercice de présentation demandé en Master2, je pense que nous n’avons rien à démontrer. Ce n’est pas un mémoire version réduite. Exit donc les références précises qui attesteront de la scientificité de notre travail dans le mémoire. Le format court de 20 mn nous l’interdit et de toute façon nous ne sommes ni en soutenance ni au colloque.  En revanche il s’agit bien d’une présentation destinée à initier, informer, questionner, titiller la curiosité, intriguer le public bref rendre accessible et sexy ce qui ne l’est pas pour un non-initié. C’est toute la difficulté !

vendredi 8 mars 2013

Cartographie mentale : quoi de neuf ?



Devant la profusion des sources numérisées, il fallait revoir ma façon de les archiver, de les consulter et de les exploiter. Le séminaire « l’histoire à l’ère du numérique » de Christian Henriot m’a énormément apporté. L’ampleur de mon sujet nécessite une réflexion méthodologique avancée. Le logiciel de cartographie mentale (mind-mapping) « the brain » est devenue en quelques mois le centre névralgique de tout mon projet de recherche. J’ai le sentiment de tenir une méthode réellement innovante pour la recherche en sciences humaines. Grâce à ce logiciel je suis monté en puissance car la possibilité de référencer, stocker l’information et surtout d’analyser est grandement facilitée.  « The brain » me permet de cartographier mes idées de façon visuelle, non linéaire, en tissant des liens (1500 aujourd’hui) entre les idées (550).
Exemple pour l’idée active « Ethos indigène »


 Le fait qu’on ne se perde jamais dans cette complexité  est remarquable  car on peut constamment en un clic déplacer le regard  et jongler avec les modes d’affichages et les filtres. Les idées sont classées en plusieurs types : concepts et idées, réseaux (9 sous types), pratiques sociales, pratiques du pouvoir, évènements (seulement les plus importants…) et groupes d’acteurs. Les individus eux sont des simples « tags » associés aux idées. Les liens sont paramétrables à l’infini (affiliation, soutien, lien souterrain, ect…).  Je peux faire apparaitre en quelques clics les relations entre réseaux, individus et les pratiques et concepts associés. Tout se cartographie ! Bref c’est les réseaux par … le réseau, ce qui me permet d’associer étroitement le fond et la forme.
Voici deux exemples pour illustrer: un parcours individuel à partir du personnage Rubben Um Nyobe et un exemple des connections de l’UPC sous maquis : on repère d’emblée les liens souterrains (en vert) et la prééminence des réseaux internationaux (marron). 





Mais il y a plus fort ! Toutes mes notes et mes sources sont reliées aux « idées » (430 notes …). Du coup j’ai repensé ma façon d’annoter les sources en PDF. Maintenant je tague en fonction des dénominations utilisées et cartographiées dans le « brain ». Les avantages sont énormes. Mes remarques qualitatives se font directement dans « the brain » et non dans les PDF. Le puissant moteur de recherche peut ainsi retrouver n’importe quelle information (lieux, dates, personnes, ect…) et la croiser avec d’autres.  Et les résultats affichés sont contextualisés. Exemple pour BDC + USC deux partis concurrents de l’UPC :




Dans le plex, les idées adjacentes permettent des éclairages qui démultiplient les angles d’analyse. L’autre avantage est qu’on est au plus près de la source (accessible en un clic) et du texte original (facilement mobilisable grâce au tag qui correspond à l’idée active du Brain !). S’il faut beaucoup de rigueur dans le tagging, le mode de lecture des sources est devenu plus souple : diagonale quand il s’agit de repérer l’idée générale (donc le tag) et plus précise quand des remarques qualitatives s’imposent. De nouvelles idées apparaissent constamment et sont reliées aux autres.
Ainsi je gagne un temps considérable et ce système est adapté à la lecture de quelques 4500 pages d’archives. Mais il me faut maintenant revisiter mes anciens PDFs et les taguer correctement.
Aussi j’ai abandonné l’idée naïve de relier les sources et les notes à mon plan de mémoire « linéaire » et en évolution constante. Pour le chercheur « the brain » est au plus près d’une réflexion par nature non linéaire, complexe mais organisée et hiérarchisable et fondamentalement dynamique. Les liens et les idées sont constamment  modifiables en temps réel.  C’est souple et dynamique.  Et toutes les sources et notes sont agrégées aux idées donc facilement mobilisables.
La rupture épistémologique qu’apporte le numérique pour le coup est palpable. L’idée de génie de « the Brain » est de coller au plus près du fonctionnement réel de la pensée qui n’est pas « linéaire » mais plutôt « fractale » et qui fonctionne par association d’idées. Lors du passage à l’écrit, (nécessité académique !) la mise en intrigue, en récit est facilitée. Il y a même une fonction tout à fait stupéfiante du « plex » : on peut le faire apparaître comme un transparent directement superposable au traitement de texte. J’écris et j’ai les idées sous les yeux. De plus elles apparaissent instantanément car dès lors que je tape MPA (Mission presbytérienne américaine) par exemple, la synchronisation ESP par le clavier fait apparaître  l’idée active, les liens et les notes. Cependant je trouve plus commode de fonctionner avec deux écrans.

L’architecture du Brain a été construite de la façon suivante. J’ai répertorié les angles d’attaque autour de l’idée principale « les processus de politisation » et ensuite j’ai développé à la manière d’un brainstorming.
Les approches sont multiples et peuvent constituer autant de fil rouge:
·         Histoire politique et sociale, conjonctures et évènements (fait militaire, histoire urbaine)


·         Economie. 
·         Histoire des institutions, approche structurelle (réseaux formels)
·         Approches spatiales : circulation des hommes (Projet SIG)
·         Anthropologie, faits culturels, économie morale
·         Histoire religieuse et politique
·         Sociologie des acteurs, approche micro-historique à partir des parcours individuels

Voici la nébuleuse des idées tournant autour de mon sujet . Je peux générer des rapports statistiques sur « l’activité » de mes idées et repérer celles tombées en désuétude et générer un historique de ma réflexion.  



Et de façon plus linéaire voici ce que cela donne en affichage gradué pour « société coloniale englobante » avec un déroulé sur « scène politique ».



Je me donne un mois et demi pour finir d’explorer les documents et taguer. Sans oublier les 40 h d’enregistrements… que je ne retranscrirai pas de façon précise (de toute façon c’est 6h de boulot pour 1h d’entretiens : impensable !!). Je tague, j’annote et je note le minutage. Toujours l’accès directe à la source ! Quelques secondes suffisent pour retrouver un passage intéressant sans rien perdre du contexte d’énonciation.  

Soyons clair, la méthode développée est prometteuse mais au stade de l’expérimentation. Des limites apparaissent clairement. A un certain niveau de complexité  la visualisation devient peu lisible. J’ai répertorié 200 réseaux  au jour d’aujourd’hui. Impossible de les représenter tous et cela ne représente que peu d’intérêt. Les filtres sont essentiels. D’autre part et c’est une limite importante,  la gestion des évènements est peu adaptée notamment dans sa dimension diachronique. Rappelons que ce logiciel a été développé par des ingénieurs américains  pour le research and development.  Il nous faut donc des outils plus fins s’il s’agit de mettre en réseaux des individus à partir d’une base de donnée, ce que je compte faire l’année prochaine. Pour la constituer, je m’appuierai sur les notes de renseignements de la sureté et pour chaque réunion je recenserai les individus et leurs caractéristiques sociologiques, les lieux fréquentés (Utilisation des SIGs), les dates, des éléments contextuels et qualitatifs et surtout les liens présumés avec différents réseaux. Un gros boulot dont je ne sais si « The brain » sera adapté. Je lorgne sur le logiciel sociométrique du professeur Dudieu (LARHRA).